Gestion de flotte : l’externalisation en pleine croissance
« Les effets de la crise sanitaire ont consolidé la demande »
Raphaël Rousset, comme la plupart des observateurs qui travaillent sur le sujet pointu de la gestion de flotte, souligne que la crise sanitaire a eu également un impact sur la hausse en demandes d’externalisation.
La pandémie de Covid 19, les périodes de confinement qu’elle a entraînées et la réorganisation des modes de travail qu’elle a imposée, aurait contribué en effet à inciter les entreprises tricolores à déléguer davantage leurs problématiques de gestion de flotte. Une situation que les équipes de Ask Group disent, elles aussi, avoir ressenti.
Nos clients historiques ont tendance, ces derniers mois, à étendre le périmètre des actions qui nous sont déléguées pour se concentrer sur leur cœur d’activité », constate Fabien Dieu. « Pour exemple, certains avaient conservé au sein de leur service achat la négociation des conditions et la définition de la Car Policy, mais le contexte actuel (augmentation des coûts, pénuries, relocalisation des sourcing…) mobilise leurs acheteurs sur les achats métiers et ils ont dès lors décidé, à présent, de nous confier ces tâches. »
À en croire les derniers chiffres de la LLD, qui est la formule d’acquisition (de possession) privilégiée par 60 % des flottes françaises, l’activité des fleeters n’a pas faibli au premier semestre 2021. En effet, le volume de véhicules a augmenté de 2,5 % par rapport à juin 2020. Mais surtout, si l’on regarde plus loin dans le rétro, on s’aperçoit qu’il a bondi de 48 % depuis 2015, année au cours de laquelle la démarche n’avait concerné que 317 000 véhicules.
*Total Cost of Ownership (TCO) : Coût global de détention des véhicules

« Verdissement » des flottes : prendre des positions
Sous l’effet d’une double pression fiscale et réglementaire, les modèles à faibles émissions deviennent incontournables. Avec l’essor du télétravail et la recomposition de l’activité des entreprises, le moment est propice à les intégrer dans une remise à plat de la car policy.
Cibler les profils de collaborateurs
Chez un autre Fleeter, ASK, l’accompagnement de la mutation des flottes part des collaborateurs : » Nous travaillons avec les gestionnaires des services financiers ou achats pour identifier des profils d’utilisateurs que nous les suivons, détaille le directeur général, Fabien Dieu. Ainsi, avant chaque renouvellement de véhicule, nous interrogeons le salarié pour connaître son lieu d’habitation « .
Une minutie qui évite les mauvaises surprises : » Un client avait commencé par proposer des hybrides rechargeables sans solution de recharge : les consommations ont augmenté « , pointe ce spécialiste. Preuve que la transition énergétique doit se faire dans la dentelle en positionnant d’abord quelques véhicules.
Un autre enjeu consiste à tirer parti des changements de périmètres des flottes depuis la crise sanitaire. Comme dans cette entreprise où les réunions en » visio » ont pris le pas sur les rendez-vous clients » en distanciel « . Au point de réduire le kilométrage des tournées régionales et de pouvoir doter les commerciaux de voitures électriques.
Partir de la réalité des déplacements des salariés est le credo d’ASK: » Nous optimisons les coûts tout en créant de la valeur pour les salariés. » Par exemple en préconisant le choix de l’hybride face au diesel pour des véhicules lourds et puissants. Mais le raisonnement s’étend au-delà avec le » budget mobilité » (choisir un véhicule de fonction plus petit, complété par un crédit pour régler d’autres modes de déplacement), voire une » prime mobilité » conçue comme une alternative : en échange d’une renonciation consentie au véhicule de fonction, le collaborateur reçoit un complément de rémunération qu’il peut employer à sa guise notamment pour ses déplacements. » Dans ce calcul, nous ne considérons pas seulement le loyer mais tous les coûts liés à la détention du véhicule, y compris la fiscalité, le carburant, les frais de restitution… «
Même si la prime versée est bien fiscalisée, la somme des coûts annexes voire cachés liés au véhicule compense souvent cette charge. » Le montage est plus facile à réaliser sur des véhicules de fonction statutaires car ils sont plus chers, ils consomment plus et leur fiscalité est plus élevée « , reconnaît cependant Fabien Dieu.
